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Bergues, Décas, Xaumier, Besse, beaux-frères, belles-soeurs : épisode 1, l'ostal Décas

L'ostal Décas

Le 08 janvier 1910 Elie Décas épouse Laurence Bergues née le 9 août 1889 à Espère

Dans la maison du bourg c'est la mère d'Elie, Joséphine Décas qui est chef de famille depuis le décès de son mari. Elle est née Doumerc à Crayssac et a épousé Antoine Décas le 13 février 1887. Ils ont eu 3 enfants, Elie-Jean né le 3 août 1889, puis en 1894 les jumelles Marie-Léa et Marie-Louise-Laetitia nées le 23 juin 1894. Le 23 mars 1895 la petite Marie-Louise-Laetitia décède de la variole.

Laurence, la jeune mariée, a 21 ans et vient s'installer dans le bourg. En 1911, dans la maison Décas seuls restent  Elie et Laurence, Joséphine, la mère d'Elie est décédée et le domestique natif de Crayssac, Marcelin Andral dont nous aurons l'occasion de reparler, s'est marié à Espère.

La maison Décas semble jouir d'une certaine prospérité, la famille dispose dans le bourg d'une grande maison sur cave complétée par de vastes dépendances.

Le conseil de révision

Elie Décas se marie en janvier 1910. L'année précédente, celle de ces 20 ans, il est convoqué par le conseil de révision à Cahors. Il est jugé bon mais pour le service auxiliaire, à cause d'un goitre. Il est incorporé comme soldat de 2° classe au 7° RI de Cahors en octobre 1910 et est réformé définitivement pour "bronchite spécifique" le 13 avril 1911. Après quelques mois de vie militaire, il rentre à Espère et retrouve Laurence.

La vie reprend son cours dans le bourg. Les époux assistent au mariage de Marie-Léa (la soeur d'Elie) avec Alphonse Xaumier, leur plus proche voisin, le 29 juin 1911. Le ciel est bleu, la vie sourit à la jeunesse Espéroise.

1914 : le monde s'embrase

La mobilisation commence début août, plusieurs Espérois gagnent les casernes et le front. Parmi eux Alphonse Xaumier et Louis Ferdinand Bergues (le frère de Laurence). Ils partent probablement de la gare d'Espère.

En vertu du décret du 9 septembre 1914, la situation d'Elie Décas est re-éxaminée, il est maintenu réformé.

Les 2 beaux- frères d'Elie Décas sont au front, il est le seul à rester au village. Il n'y a plus sur les propriétés Bergues et Xaumier que des femmes seules.

La relève

Le 21 février 1917 une nouvelle loi est promulguée afin de réviser la situation des réformés de 1914, les troupes s'épuisent, il faut remplacer les vétérans des classes 1888 et 1889, l'armée a besoin de chair fraîche, la guerre dure depuis plus de 3 ans.

Fin mars, Elie est à nouveau convoqué devant la commission de réforme. Cette fois il devra partir lui aussi.

L'histoire familiale raconte que durant les 2 derniers mois qu'il passe à Espère et parce que tout le monde sait que la guerre ne rend pas toujours les hommes qu'elle prend, Elie, sa soeur et sa femme se rendent chez le notaire pour prévoir l'imprévisible. Elie et Laurence n'ont pas encore d'enfant, la situation de Laurence et de l'exploitation sera compliquée si Elie ne revenait pas. Quel est la teneur de l'acte passé chez le notaire ? Aucune importance. Une femme sans mari à cette époque et à la campagne n'a pas beaucoup d'avenir. Peut-être ont-ils essayé de sécuriser le bien de Laurence ?

Le départ

Fin mai, Elie quitte Espère pour le 7° RI de Cahors. De là, le régiment part à Mirepoix pour une période d'instruction. De cette période 7 cartes postales échangées avec Laurence nous sont parvenues. Il écrit beaucoup à Laurence mais il s'inquiète car les réponses tardent à arriver. Il décrit le camp, demande les adresses d'Albert (Delbos) et de Gabriel (Besse ou Delsol) partis en même temps que lui. Il exprime le désir de tomber malade pour retarder le moment du départ au front, il parle de l'enfant qu'ils n'ont pas encore eu et qu'ils désirent. Et puis le 26 septembre un train le conduit vers son régiment, au front. Dans une carte écrite à Chateauroux, lors de ce voyage, on comprend que Laurence s'est rendue à Gourdon pour le passage du train et qu'ils ont pu se voir. Dans la dernière carte datée du 17 octobre, encore une photo du camp de Mirepoix, il donne les consignes pour la vendange de l'année, où mettre le bon vin, où mettre l'autre. Il termine comme chaque fois pas de tendres salutations.

Elie le combattant

A son départ pour le front Elie est affecté au 54° régiment d'infanterie, 2° bataillon, 5° compagnie. Il rejoint son régiment dans les Vosges où il restera jusqu'à la fin de 1917, puis ce sera la Picardie en mars-avril 1918, la Lorraine jusqu'en juillet 1918 et enfin le 54° participe à la contre offensive de l'été 1918 dans l'Aisne.

L'historique du 54° RI relate avec précision les combats auxquels participent Elie dans les environs de Soissons. Après une ultime tentative, mi-juillet, des armées Allemandes pour percer les lignes alliées, la contre-offensive Mangin commence, le Lieutenant-Colonel WEILL et le Lieutenant DELACOURT racontent :

L'attaque générale est ordonnée pour le 1er août. Le régiment doit attaquer en direction générale de l'est, après réussite de l'attaque du 30e corps d'armée, à droite, sur l'Orme de Grand-Rozoy. A gauche du 2e bataillon du 54e l'attaque doit être menée par le 9e Royal Scotch. Au 2e bataillon (commandant Weill), la 5e compagnie (capitaine Lecomte) doit s'emparer du mamelon qui domine Tigny au nord et progresser jusqu'à la route de Soissons à Château-Thierry, suivie de la 7e compagnie, la 6e compagnie étant réserve d'infanterie divisionnaire. Le 2e bataillon a été renforcé des mortiers Jouandeau-Deslandres. L'heure H est fixée à 9 heures. Les obus fumigènes des mortiers du lieutenant Duval-Arnould et les rafales de la 2e compagnie de mitrailleuses permettent à la 5e compagnie, entraînée par ses officiers, de sortir de sa tranchée et d'atteindre les pentes du mamelon, mais elle est bientôt clouée sur place par les feux de mitrailleuses qu'une faible préparation d'artillerie n'a pas détruites et que le barrage roulant commencé trop loin n'a pas aveuglées.
A droite, le 1er bataillon (commandant Decourbe) a pu dès le début parvenir à la lisière est de Tigny, mais une contre-attaque immédiate l'en chasse, tandis que les mitrailleuses du mamelon nord de Tigny prennent les assaillants de flanc et leur causent de lourdes pertes.
Les Écossais ne sont pas plus heureux : vagues d'assaut et réserves sont mitraillées sur le glacis qui descend vers l'ennemi. Une deuxième attaque, fixée à 14 heures, puis à 15 heures, n'obtient pas plus de succès.
La journée se passe dans les éléments de tranchées, un peu masqués par les blés et les avoines qui brûlent par endroits. La chaleur est accablante et cependant les masques ne peuvent être quittés à cause du violent bombardement par obus à gaz. Des mitrailleuses aux aguets rendent difficiles les déplacements. [...] Le bombardement se prolonge dans la nuit du 1er au 2. Malgré l'épuisement de cette dure journée, des patrouilles sont envoyées vers les lignes ennemies : elles reçoivent des coups de fusil. Vers la fin de la nuit, le calme est absolu.
Au petit jour, le 2 août, on s'aperçoit qu'il n'y a plus personne devant nous. La poursuite est entamée aussitôt, par les deux bataillons en ligne qui, en fin de journée, restent en réserve avec l'état-major du régiment aux lisières nord du bois d'Hartennes. Le poste de commandement du régiment est au château ; les 1er et 2e bataillons bivouaquent sous bois où arrivent quelques obus isolés, tirés de très loin. La nuit est marquée par un violent orage. Dans la matinée du 3 août, pendant que le 3e bataillon poursuit  sa  marche   vers la Vesle,  le  reste du régiment se porte dans le   ravin  au  nord-est de  Chacrise. Le soir, il relève le 3e bataillon et le bataillon de Nouaillan du 350e sur leurs positions de fin de combat. Le ler bataillon est en ligne à Ciry-Salsogne dans   les   anciennes tranchées du plateau au nord-est de Serches ; le 3e vient dans le ravin nord-ouest de Couvrelles. Le poste de commandement du régiment est à Serches en face de l'église.
La région est à peu près vide de ses habitants ; les Allemands ont opéré des destructions et miné ou ypérité les creutes qui pouvaient nous servir d'abris. C'est ainsi que deux jours après notre arrivée, l'église de Ciry-Salsogne saute en même temps que la rue qui la borde. Le 8, une creute occupée par trois sections de la 2e compagnie et un détachement de la 6e compagnie du 1er génie, saute et ensevelit une partie de ses occupants .
Le 5 août, le 3e bataillon est à Vasseny : il tente sans succès le passage de la Vesle à hauteur de Quincampoix ; le 2e bataillon relève le 1er à Ciry. [...]  Le 7 une contre-attaque allemande sur la station échoue. Le 8, le 1er bataillon relève le 2e qui va en réserve sur le plateau.

Le 8 août 1918 Elie Décas meurt, sans qu'on puisse dire s'il est abattu ce jour là ou s'il meurt des suites de blessures contractées lors des combats racontés précédemment. Il n'est pas impossible qu'il fasse partie des victimes de l'explosion d'une creute le 08 août, cette ancienne carrière avait été minée par les Allemands avant leur retraite, sa destruction fera des dizaines de victimes. Un certain nombre de ces victimes appartiennent au 54° RI et sont enterrées dans le carré militaire du cimetière communal de Serches où se trouve la tombe d'Elie Décas. Il venait d'avoir 29 ans.

Le 11 octobre 1918, Laurence reçoit l'avis officiel du décès d'Elie. Le 7 juin 1922 la médaille militaire assortie d'une citation (brave soldat, mort pour la France à Serches en faisant vaillamment son devoir) lui est attribuée. Dans les souvenirs de Laurence qui nous sont parvenus on trouve une série de cartes postales des destructions subies par la ville de Soissons, il s'agit d'un carnet dans lequel il manque 3 cartes, les autres sont vierges et intactes. Il est probable que Laurence se soit rendue, au moins une fois, après la guerre, sur la tombe d'Elie et qu'elle ait envoyé les cartes manquantes à ses proches depuis Soissons. Elle a pu bénéficier pour cela des facilités que l'Etat offrait aux veuves de guerre pour se rendre sur les tombes. Peut-être a t'elle tenté de faire rapatrier la dépouille d'Elie ? Très peu de transferts de dépouilles ont eu lieu vers nos régions, trop complexes et trop coûteux pour les familles paysannes. Laurence épouse Henri Albert Vignes après la guerre, elle aura un fils avec lui...

 

Sources : Mémoires des hommes, Archives Départementales du Lot, Memorialgenweb, Gallica, jeanluc.dron.free.fr, Jean-Pierre Xaumier, Claude Rigal.

Remerciements à Mr Didier Mahu pour les photos du cimetière de Serches et de la tombe d'Elie Décas et au prêteur Espérois de la correspondance d'Elie

 

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Commentaires récents

  • Eau il y a 8 années 2 mois

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